A propos de L'Enfant Fleur...
La création de mon dernier album de la collection Pouss'/Ma Première BD est en elle-même toute une histoire.
Au départ, le projet initial était différent. Après la parution de Anton l'éléphant peintre, conte écrit spécialement pour moi par Thomas Scotto, j'avais demandé à un autre écrivain jeunesse de créer un conte original que j'adapterai en BD.
Ce fut chose faite, et très joliment, mais malheureusement, après avoir bien avancé mon travail, mon éditeur et moi nous sommes rendus compte de la complexité de la narration BD. Les concepts abordés dans le conte se révélaient très difficiles à synthétiser sans paroles, et j'ai donc dû renoncer à ce projet qui, je l'espère, sortira de son coté. Mon éditeur ayant la classe, chacun s'en est sorti sans casse et je devais donc repartir sur un nouveau projet.
Or, un an avant, ma fille ainée, Prune, m'avait un matin raconté une histoire.
Prune raconte souvent des histoires, mais ce jour là, son récit était construit, clair, et je m'y laissai prendre...
Quand elle s'arrêtait, je lui posais des questions, quand elle arrivait dans une situation impossible, je lui demandais de la justifier... Et au final, l'histoire que ma grande avait construite m'avait impressionné !
Alors je l'avais notée dans un coin, pour ne pas l'oublier, au cas où.
L'histoire dessinée par Prune, après qu'elle me l'ait racontée... On remarque que la fin diffère de la version de la BD (enfin si on arrive à décrypter l'écriture, et si on a lu la BD, bien sûr)
L'histoire de Prune jetée sur mon carnet, avec les quelques annotations et modifications déjà à prévoir...
Et ce cas où se présentait !
Ce qui m'avait frappé dans cette histoire de fleur, immédiatement, c'est le parallèle que je pouvais faire avec l'adoption. Ce nouvel enfant qui arrive dans la famille, et dont l'intégration passe par le changement de racine... Je ne sais pas d'où Prune a sorti cet imaginaire, mais je pouvais y trouver une interprétation (l'adoption), et une morale (il faut cultiver son jardin...). Et donc, selon ma définition, un conte !
J'ai donc proposé l'histoire, et...
Ben elle a plu.
Ce qui est super, pour une fleur. Donc, c'était parti !
Ce n'est qu'en me penchant précisément sur le texte, puis la mise en scène, que je me suis rendu compte des différentes possibilités d'interprétation que je pouvais amener à cette histoire. De ce que je pouvais dire à mes lecteurs.
Au delà de l'adoption, ce conte parle de Culture, et de sa transmission. Comment la Culture nous fait grandir, nous rend intime. Il parle de racines, du fait qu'on ne peut les couper, les oublier, mais qu'elles ne nous retiennent pas. Il parle de père au fond du gouffre, et de mère qui écope. D'enfants qui s'éduquent seul, et qui se cooptent.
Il parle aussi, et surtout, d'une Terre féconde, et qui accueillerait les graines du monde.